«Façonner l’avenir avec un objectif commun»
Entretien avec le nouveau directeur d’Electrosuisse
En janvier 2025, Björn Avak a repris la direction d’Electrosuisse, succédant ainsi à Markus Burger qui, au cours des douze dernières années, a marqué l’organisation de son empreinte. Quelle était la situation de départ pour le nouveau directeur, et quels objectifs poursuit-il? Aperçu après près d’un an dans ses nouvelles fonctions.
Bulletin: Monsieur Avak, qu’est-ce qui vous a incité à reprendre la direction d’Electrosuisse?
Björn Avak: Grâce à ma précédente fonction en tant que responsable du secteur d’activité Conseil, contrôle et ingénierie, je connaissais déjà bien Electrosuisse. Ce département fournit des prestations permettant à nos clients de rendre leurs installations énergétiques sûres et durables. Ma nouvelle fonction inclut désormais aussi le volet des prestations destinées aux membres de l’association technique. Ce que j’apprécie tout particulièrement chez Electrosuisse, c’est la liberté de pouvoir créer. Il y règne une culture d’entreprise qui permet la conception de nouveaux projets et leur concrétisation. Et c’est précisément ce que qui me plaît. Je pouvais déjà réaliser de tels projets dans ma fonction précédente, et je savais que je pourrais le faire à encore plus grande échelle en tant que directeur. C’est là que réside ma principale motivation.
Est-ce que tout est comme vous l’aviez prévu, ou y a-t-il eu des surprises?
Il y a effectivement eu quelques surprises. Electrosuisse est relativement complexe en raison de ses diverses activités et de ses différents rôles sur le marché. Je n’avais pas encore entièrement saisi à quel point cette complexité se manifestait concrètement dans le quotidien. C’est un processus d’apprentissage continu et enrichissant.
Quels sont, selon vous, les points forts d’Electrosuisse?
Electrosuisse possède de nombreux atouts. Tout d’abord, l’organisation technique se consacre à des thèmes qui sont et resteront pertinents – à savoir les défis en lien avec une électricité sûre et durable. Les solutions que nous proposons à nos clients et à nos membres à cet égard sont novatrices. Son deuxième point fort réside dans son caractère unique. Je ne connais aucune autre organisation aussi polyvalente et diversifiée qu’Electrosuisse dans le domaine de l’électricité. Cela lui permet d’entretenir de nombreux liens avec ses clients, ses membres et diverses institutions. Son troisième point fort consiste en sa capacité, en tant qu’organisation technique, à attirer et à conserver des collaborateurs et collaboratrices passionnés par la technologie. Il s’agit là d’un élément clé de notre succès, car ce sont ces personnes qui incarnent l’énergie et la force d’innovation d’Electrosuisse. Nous disposons d’une culture qui encourage l’initiative et la responsabilité individuelle. Il en résulte une situation gagnant-gagnant entre Electrosuisse et chacun.
Où voyez-vous encore un potentiel de développement?
Chaque force comprend une part de faiblesse, et nous n’échappons pas à la règle. Electrosuisse compte de nombreux partenaires – des professionnels de l’électricité, des fournisseurs d’énergie, ou encore des fabricants d’appareils. Les attentes d’un fabricant d’appareils électriques à notre égard ne sont, par exemple, pas les mêmes que celles d’un professionnel de l’électricité. Nous offrons des prestations importantes spécifiques à chaque groupe. Toutefois, ceci peut avoir pour conséquence que notre mission globale – c’est-à-dire la fonction commune d’Electrosuisse au service de l’ensemble de ses partenaires et de la société – est parfois trop reléguée au second plan. Il est en outre nécessaire d’orienter encore davantage les prestations de l’association technique en fonction des différents groupes cibles. En abordant ces aspects de manière systématique, nous créons une chaîne de valeur cohérente qui transforme les clients en membres, et les membres en clients.
Y a-t-il encore des évolutions à réaliser en matière de digitalisation, par exemple dans le domaine de l’intelligence artificielle?
Aujourd’hui, toutes nos prestations – de la normalisation à notre offre de cours, en passant par l’organisation de nos symposiums – sont gérées via une plateforme logicielle unifiée. Via leur login myElectrosuisse, nos partenaires peuvent consulter l’ensemble de nos prestations en toute transparence et communiquer à ce propos avec nous. En ce qui concerne les prestations individuelles, la digitalisation va même encore plus loin. Nous proposons par exemple un vaste éventail de formations en ligne dans le domaine de l’électricité, qui peut être facilement intégré à l’intranet de nos clients. Nous mettons aussi à disposition un module d’assurance qualité sur myElectrosuisse, grâce auquel nos clients peuvent surveiller la qualité de leurs installations électriques et gérer la correction des défauts.
Le but consiste à soulager nos partenaires dans le monde exigeant de l’électricité, non seulement sur le plan technique, mais aussi administratif. Nous automatisons des processus afin de leur offrir de précieux gains de temps. Mais ce n’est évidemment pas la fin du cheminement. À propos de l’intelligence artificielle: un facteur clé réside dans l’extraordinaire richesse en matière de connaissances et d’expérience de nos collaborateurs et collaboratrices. La digitalisation nous aide à rendre ce savoir visible et accessible. Depuis le début de l’année, nous utilisons un système expert basé sur l’IA afin d’accroître encore les connaissances collectives de nos collaborateurs et de les rendre utiles à tous. L’intérêt commun pour la technologie constitue l’un des facteurs unificateurs de notre culture. Les collaborateurs d’Electrosuisse sont passionnés par l’électrotechnique et les technologies de l’énergie en particulier, mais aussi par la technologie en général. Il est donc tout naturel que nous recourions à l’IA et à la digitalisation pour leur fournir de bons outils.
Par le passé, les technologies de l’information semblaient jouer un rôle plus important chez Electrosuisse. Pourquoi n’est-ce plus le cas?
Le monde de la technologie est devenu plus complexe et il évolue rapidement. La clé réside dans la connaissance de ses groupes cibles et de leurs thématiques. Nos groupes cibles sont les professionnels de l’électricité et les ingénieurs en génie électrique. Les technologies de l’information constituent un domaine à part entière. Nous les prenons en compte là où elles sont pertinentes pour nos groupes cibles, par exemple dans les domaines du smart grid ou de la planification électrique.
Quel rôle joue la transition énergétique dans l’offre d’Electrosuisse?
Un rôle important. Dans le cadre de la transition énergétique, il existe un fossé entre les objectifs fixés et leur mise en œuvre. Notre mission est de le combler par le biais de solutions concrètes et applicables. Il s’agit ici de combiner intelligemment durabilité et économie. Le rôle d’Electrosuisse consiste à jeter des ponts de manière pragmatique, neutre et intersectorielle. Nous sommes en mesure de développer des solutions techniques et d’accompagner leur mise en œuvre. Nous disposons pour ce faire d’une équipe d’ingénierie interdisciplinaire capable d’élaborer des concepts énergétiques et de résoudre des problèmes complexes. Cela dit, nous pourrions certainement encore mieux communiquer notre capacité à apporter des solutions dans le contexte de la transition énergétique.
Pouvez-vous déjà dire en quoi vos priorités différeront de celles de votre prédécesseur?
Ce qui vaut pour les êtres humains vaut également pour les organisations: on apprend tout au long de sa vie, et on acquiert de nouvelles compétences. Sous la direction de mon prédécesseur, Electrosuisse a développé de précieuses expertises qu’il convient de continuer à cultiver. C’est sur cette base que nous concevons aujourd’hui de nouvelles compétences. Concrètement, il s’agit de mettre notre savoir-faire acquis dans le cadre de projets interdisciplinaires systématiquement à la disposition de nos membres et de nos clients. Une première offre de formation destinée aux responsables du développement durable des fournisseurs d’énergie et des communes sera proposée en mars. Par ailleurs, l’un des objectifs de l’équipe dirigeante est de constituer une unité de leadership visionnaire, capable de définir un cap et de le mettre en œuvre avec les collaborateurs et collaboratrices. Il s’agit là d’un défi créatif et d’un véritable travail de direction.
Et quelle est actuellement la plus grande difficulté dans l’accomplissement de cette mission?
La diversité d’Electrosuisse. Avec ses 300 collaborateurs et collaboratrices, Electrosuisse est une PME de taille conséquente. C’est à la fois une association technique, une entreprise, et – avec l’ESTI – également un service mandaté par la Confédération. Ces différentes casquettes impliquent de nombreuses parties prenantes: nos membres, nos clients, la Confédération et nos collaborateurs. Mon rôle, en tant que directeur, consiste à concilier ces intérêts variés et à les orienter vers une vision stratégique commune.
Qu’est-ce qui vous réjouit particulièrement dans cette situation?
J’accorde toujours une grande attention à l’ambiance, que ce soit lorsque je me rends quelque part, ou au sein de notre propre organisation. La manière dont les gens interagissent en dit long. Un moment clé a été, pour moi, notre journée annuelle de leadership, en juin dernier. C’est à cette occasion que se réunit chaque année tout le personnel dirigeant d’Electrosuisse. Nous y engageons un dialogue entre l’équipe de direction et les responsables d’équipes pour définir notre développement commun ainsi que nos objectifs. L’atmosphère bienveillante et constructive m’a enthousiasmé. On s’écoute, on se respecte et on s’estime mutuellement. Ce dialogue constitue la base de notre évolution commune.
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