Une image, deux perspectives
Une opinion sur l'acceptation
Les tableaux du peintre suisse Sandro Del-Prete sont à la fois géniaux et déconcertants. Parfois, le cadre fait même totalement fi de toute logique. On peut par exemple voir un toit en pierre sur deux piliers carrés – quand on regarde la toile de haut en bas. Mais si l’on commence en bas, on distingue clairement trois colonnes rondes qui supportent le toit. L’objectif climatique zéro émission nette repose lui aussi sur deux piliers: des objectifs ambitieux et une faisabilité technique. Selon les Perspectives énergétiques 2050+ de la Confédération, les énergies renouvelables – solaire, éolien, biomasse et géothermie – doivent multiplier leur production par dix. Les besoins de production supplémentaires sont supérieurs au volume de la production hydraulique actuelle.
La branche de l’électricité considère les choses depuis leur base. Pour que la transformation du système énergétique réussisse, les objectifs et la faisabilité technique, à eux seuls, ne suffiront pas. Au centre de tout, occupant la place de la troisième colonne, on trouve la mise en œuvre – fondée sur une large acceptation des installations renouvelables indigènes. Malheureusement, c’est précisément là que ça coince. L’opposition idéologique – souvent au nom de la protection de l’environnement – entrave les énergies renouvelables de toute sorte, de même que les projets de réseau. Si l’on continue à cette vitesse d’escargot, il faudra 100 ans pour atteindre les objectifs de développement. Or, il nous reste à peine 30 ans. Peser les intérêts entre protection et utilisation est essentiel, c’est aussi l’opinion de la branche. Mais la protection du climat, via l’électrification, n’est pas concevable sans un développement plus rapide et pragmatique des énergies renouvelables indigènes. Importer de l’électricité? Oui, avec plaisir. Car en 2035, notre dépendance aux importations en hiver risque d’atteindre 40% de la consommation. Nos partenaires européens luttent néanmoins tout autant avec la mise en œuvre concrète de la transition énergétique. Autrement dit: notre sécurité au niveau des importations aura plutôt tendance à diminuer à l’avenir.
Si nous voulons atteindre zéro émission nette, nous avons besoin de plus de sites de production pour les énergies renouvelables, de plus de panneaux photovoltaïques, de plus d’éoliennes, de plus de réseaux de chaleur, de dispositifs de stockage, de murs de barrages plus élevés et, enfin, de développer les réseaux. Sinon, la protection du climat restera purement et simplement une illusion – et, avec elle, la protection de la biodiversité. Pour les objectifs de 2050, la colonne centrale se nomme donc «mise en œuvre grâce à l’acceptation». Il peut valoir la peine de considérer les choses depuis la base.
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