Rétrospective Automatisation des bâtiments , Efficacité énergétique , Énergies renouvelables

Un écoquartier parmi les plus ambitieux de Suisse

Écoquartier des Plaines-du-Loup, Lausanne

18.08.2022

Le nouvel écoquartier des Plaines-du-Loup s'inscrit dans le projet Métamorphose de la Ville de Lausanne et s’intègre, grâce aux mesures mises en place visant l’efficience énergétique, dans le concept de la Société à 2000 W. 27 mesures ont été prises afin de développer des solutions alternatives et durables en matière de mobilité et de construction, et d'atteindre ainsi un équilibre énergétique qui réponde aux défis climatiques.

La Ville de Lausanne est connue pour sa politique énergétique innovante. En 2021, pour lutter contre les effets du changement climatique, elle a fixé un objectif zéro émission directe pour la mobilité d’ici à 2030 et zéro émission pour l’ensemble des émissions directes au plus tard en 2050. Le projet Métamorphose en fait partie. Celui-ci a pour ambition de répondre aux besoins de la population en matière de logements, d'activités et d'équipements sportifs, tout en favorisant des constructions écologiques ainsi qu'une mixité sociale et intergénérationnelle.

Un quartier répondant aux exigences de la société à 2000 watts

La naissance du premier écoquartier à grande échelle de la Ville de Lausanne marque une étape importante dans la métamorphose de la ville, initiée il y a plus de dix ans déjà. Depuis la mi-juin 2022, la vie a pris place dans le premier des quatre secteurs planifiés aux Plaines-du-Loup, dont la livraison finale est prévue pour 2025. 10 ha comprenant des logements, des espaces verts, des équipements sportifs et même une école, qui sera inaugurée en 2023, seront alors complètement aménagés. La mixité sociale y a été favorisée dès le départ, avec la règle de répartition des trois tiers, soit 30% de logements subventionnés, 40% de logements à loyer abordable et 30% de logements en marché libre.

Aux Plaines-du-Loup, trois secteurs seront encore développés – d’ici à 2030 pour le deuxième, 2034 pour le troisième et à une date ultérieure pour le quatrième –, pour un total de 8000 habitants et 3000 emplois. L’ensemble répondra aux exigences de la société à 2000 watts, grâce, également, à la création d’espaces verts publics de qualité, comprenant une arborisation généreuse composée d’espèces adaptées aux changements climatiques et favorisant la réduction des îlots de chaleur. S’y ajoute un effort particulier pour construire avec du bois lausannois, par exemple pour la réalisation de l’école du premier secteur, pour laquelle plus de 1000 m3 de bois du Jorat ont été utilisés, sur un total de 4000 m3 de bois suisse.

Une empreinte écologique très restreinte

Les 23 immeubles d'habitation différents répartis sur les 10 ha ont un point commun : ils doivent laisser une empreinte écologique aussi faible que possible. Il est donc surprenant au premier abord que les bâtiments en béton prédominent. Mais en y regardant de plus près, on s'aperçoit que ce matériau a principalement été utilisé comme structure porteuse et que le bois occupe une place prépondérante dans le quartier, s’insérant harmonieusement entre les éléments en béton. De plus, les architectes de Tribu Architecture, bureau lausannois ayant remporté le concours d’urbanisme il y a 10 ans, expliquent : « Nous n’avions pas les mêmes connaissances qu’aujourd’hui ». Face à ce constat, le syndic de Lausanne, Grégoire Junod, tient à préciser « qu’une part importante du béton provient du recyclage ». Les matériaux de construction représentent en effet 25% des coûts énergétiques et 50% des émissions de CO2 dans le cycle de vie des bâtiments.

Des fosses de rétention pluviale naturelles

Du fait de l’imperméabilisation des sols urbains, il est de plus en plus difficile d’absorber l'eau de pluie de manière naturelle, de sorte qu'elle doit être évacuée par les canalisations. Cela pose des problèmes en cas de fortes pluies et affecte l'approvisionnement en eau des nappes phréatiques. En misant sur des techniques alternatives telles que les toitures végétalisées, les espaces verts absorbant l'eau de pluie ou les bassins de rétention naturels, le quartier des Plaines-du-Loup propose une approche innovante, écologique et durable de cette problématique.

Pour le chauffage, des pompes à chaleur avec des sondes géothermiques profondes (800 m) ont été implantées par les Services industriels de Lausanne. Leur fonctionnement est assuré par des panneaux photovoltaïques installés sur les toitures.

Consommer de l’électricité verte, une condition essentielle

Sur le plan énergétique, le projet a eu recours à la technologie la plus moderne. La plupart des toitures, à l’exception de quelques terrasses, ont été munies de panneaux photovoltaïques afin de fournir une partie de l'électricité nécessaire aux bâtiments et sont végétalisées. Le reste de l'électricité provient du réseau de la ville et est composée à 96% d'énergie renouvelable. Les habitants sont tenus de n'acheter que de l'électricité verte.

La densification et la compacité des habitations encourage l’économie des surfaces construites et diminue le besoin en énergie via des plans partiels d'affectation du quartier. Les surfaces des façades sont réduites, ce qui permet de diminuer la consommation d'énergie, notamment d’énergie grise, et les frais de chauffage.

Le succès de l’écoquartier repose pour beaucoup sur le volontarisme des habitants à s’engager dans un nouveau mode de vie. C'est pourquoi des séances d'information régulières sont prévues dans les espaces communs et les habitants sont sensibilisés à l'utilisation des transports publics – le quartier est desservi par un bus toutes les 10 min et le sera également par le futur M3. Le parking n'offre qu'un espace limité pour les voitures, à l'exception des places réservées aux personnes à mobilité réduite. Une partie des places de stationnement est équipée en câblage électrique pour les habitants qui désirent utiliser des voitures électriques. En outre, des vélos électriques seront mis à disposition afin de favoriser la mobilité individuelle et la forme physique.

Dans les prochains mois et jusqu’à l’été 2024, l’ensemble des habitants du premier secteur de l’écoquartier des Plaines-du-Loup vont emménager. Dès 2023, les phases de recherches d’investisseurs pour lancer les développements des projets du deuxième secteur des Plaines-du-Loup et des Prés-de-Vidy vont débuter.

Auteure
Marianne Kürsteiner

est rédactrice chez Electrosuisse.

  • Electrosuisse, 8320 Fehraltorf

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