Opinion AES , Marché de l’énergie

Sortie du nucléaire : ne pas confondre vitesse et précipitation

21.12.2016

Vous soutenez une sortie programmée de l’énergie nucléaire? Alors vous voterez à coup sûr contre l’initiative Sortir du nucléaire des Verts le 27 novembre 2016. La décision de principe sur la sortie du nucléaire en tant que telle est en effet déjà prise depuis longtemps : l’opinion politique majoritaire exclut jusqu’à nouvel avis un remplacement des centrales nucléaires existantes – sans compter qu’un projet de nouvelle construction relèverait de l’utopie rien qu’au vu de la réalité économique.

Le 27 novembre prochain, en revanche, il s’agira de répondre à la question du «comment ?». Et là, il faut opposer un non franc et massif à l’initiative. Car, contrairement à ce que son titre – Initiative populaire fédérale «Pour la sortie programmée de l’énergie nucléaire» – laisse croire, elle provoquerait exactement l’effet inverse si elle était acceptée : un arrêt immédiat et chaotique de trois de nos cinq centrales. On ne gagnerait rien à agir dans une telle précipitation. Pire, elle aurait des conséquences imprévisibles sur la sécurité d’approvisionnement et la sûreté des installations.

L’initiative dissimule en effet que l’arrêt d’une centrale nucléaire, sa post-exploitation sûre et son démantèlement est une entreprise extrêmement complexe qui doit être planifiée bien à l’avance. En outre, le fait de fixer des limitations contraignantes de la durée d’exploitation remet en question le système éprouvé du rééquipement continu. C’est pourtant grâce à ce système que nos centrales sont parmi les plus sûres d’Europe selon le test de résistance de l’UE.

Le remplacement de la part d’énergie nucléaire dans l’approvisionnement suisse en électricité, qui se monte à 40 %, demande, lui aussi, du temps. Le défi de se passer de l’énergie nucléaire est redoutable en particulier pour l’approvisionnement pendant le semestre d’hiver, car la production hydraulique y est par nature plus basse. Se hâter de déconnecter les centrales nucléaires à l’intérieur du pays et les remplacer par de l’importation (d’énergie issue de centrales à charbon et atomiques étrangères) reviendrait à jeter de la poudre aux yeux. Sans compter que la Suisse remettrait sa sécurité d’approvisionnement en mains étrangères et s’exposerait davantage à des risques d’ordre technique. En effet, comme l’a montré l’hiver 2015/2016, les capacités de réseau nécessaires à une stratégie d’importation manquent actuellement.

Donc, que vous soyez pour ou contre la sortie du nucléaire, il faut rejeter l’initiative.

Auteur
Dominique Martin

est responsable affaires publiques de l'AES.

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