S’attaquer ensemble aux exigences futures
Formation professionnelle d’électricien de réseau
L’«Organe responsable de la formation professionnelle d’électricien/ne de réseau» s’occupe de la formation initiale et des formations continues dans toute la Suisse. Elle exécute souvent ces tâches en collaboration avec des organisations partenaires. Afin que la branche reste parée pour l’avenir, un sondage entend clarifier les besoins actuels et futurs en personnel formé dans le domaine de «l’électricité de réseau».
L’Organe responsable avait réalisé le premier sondage fin 2014. En substance, les résultats de celui-ci confirmaient la perception sur le marché du travail, à savoir que le personnel qualifié manque. On a alors pris les mesures suivantes: renforcer la promotion professionnelle pour les électriciennes et électriciens de réseau, étendre l’offre de cours dans la formation professionnelle supérieure et créer la formation certifiante d’introduction à la construction de réseaux («Einführung in Netzbau»).
En septembre 2019, l’Organe responsable a mené un nouveau sondage, dont les résultats sont résumés et analysés ci-dessous. Au total, 480 entreprises ont reçu le sondage (420 membres de l’AES, 47 de l’AELC et 13 de la Sniv; l’UTP n’a quant à elle pas participé), et 82 y ont répondu, soit un taux de retour de 17,08%. On peut se réjouir de la forte participation des entreprises italophones (voir tableau 1 ci-dessous). Le taux de réponse des entreprises de la Sniv est particulièrement haut, celui de l’AELC est bon également. Celui des membres de l’AES n’atteint en revanche qu’un niveau très bas (voir tableau 2 ci-dessous). L’Organe responsable invite donc aussi tous les membres de l’AES à communiquer leurs données à l’avenir. C’est la seule possibilité pour lui de mieux connaître les besoins et d’élaborer des mesures appropriées.
Des entreprises de toutes tailles s’attèlent aux questions touchant la formation professionnelle des électriciens de réseau. La majorité des entreprises ayant répondu emploie de 11 à 50 collaborateurs (voir ci-dessous).
Dans les entreprises, deux tiers du personnel «réseau» occupent la fonction d’électricien/ne de réseau, près d’un cinquième celle de spécialiste de réseau, et un dixième celle de maître électricien/ne de réseau (voir ci-dessous).
Manque de personnel qualifié dans le domaine des réseaux
Dans les entreprises ayant répondu, les personnes ayant achevé leur qualification en 2019 représentaient les chiffres suivants: 54 électriciennes ou électriciens de réseau avec certificat fédéral de capacité (procédure de qualification), 16 spécialistes de réseau avec brevet fédéral (examen professionnel) et 3 maîtres électriciennes de réseau avec diplôme fédéral (examen professionnel supérieur). À titre de comparaison, dans toute la Suisse, en 2019, un total de 152 électriciennes et électriciens de réseau ont obtenu le certificat fédéral de capacité. Les entreprises représentées dans le sondage comptent ainsi pour environ un tiers des diplômés via la procédure de qualification. Le faible nombre de réponses ne permet toutefois pas de réaliser d’extrapolations pour le marché suisse du travail. On n’a pu constater aucune différence importante entre les régions linguistiques, ni entre les zones urbaines et les zones rurales.
Les entreprises indiquent qu’il leur manque aujourd’hui 148 électriciennes et électriciens de réseau avec certificat fédéral de capacité, 39 spécialistes de réseau avec brevet fédéral et 23 maîtres électriciennes et électriciens de réseau avec diplôme fédéral.
En moyenne, il manque aujourd’hui 17% (CFC) à 19% (diplôme fédéral) de personnel qualifié dans le réseau électrique. Ce déficit est particulièrement marqué dans les entreprises de construction de lignes, où ce personnel manque dans pratiquement toutes les entreprises. Dans la construction de lignes énergétiques, ce déficit se monte à un quart du personnel qualifié, tandis qu’il est d’un tiers pour la construction de lignes de télécommunication. Quant aux entreprises électriques, elles affichent un manque de spécialistes d’environ 10%. Il appartient maintenant à la branche de combler ce manque (voir ci-dessous).
Sur le portail d’offres d’emploi jobs.ch (consulté le 19 février 2020), on constate que des électriciennes et électriciens de réseau sont recherchés: à cette date, les postes à pourvoir étaient de 124 titulaires du certificat de capacité et 31 titulaires du brevet ou du diplôme fédéral. Enfin, des places d’apprentissage étaient proposées dans 61 offres d’emploi.
Marcel Oetiker a réalisé les estimations des besoins en personnel qualifié dans la société Cablex AG. Au niveau du personnel de montage, il manque actuellement 69 personnes qualifiées. Il table sur le fait qu’environ 150 spécialistes devraient être embauchés chaque année suite aux départs à la retraite et aux fluctuations. Le marché actuel ne fournit toutefois pas une telle quantité de personnel.
Le département des ressources humaines d’EWZ (Elektrizitätswerke der Stadt Zürich) écrit: «Le personnel de montage au bénéfice des formations initiales d’électricien/ne de réseau CFC, d’installateur/trice-électricien/ne CFC ou d’électricien/ne de montage CFC est essentiel pour qu’EWZ puisse remplir son mandat de prestations concernant l’entretien et l’exploitation sans défaillances de l’infrastructure de réseau de la ville de Zurich et de la région de Mittelbünden. Nous nous appliquons en permanence à combattre activement le manque aigu de personnel qualifié. La formation initiale de nouveaux spécialistes qualifiés en interne, ainsi que la formation professionnelle et continue constituent un pilier important pour garantir à long terme la quantité et la qualité; ces formations sont constamment encouragées et développées par EWZ.»
Premières formations initiales dans le domaine
Dans le domaine de l’électricité de réseau, la moitié des collaboratrices et des collaborateurs possèdent une formation initiale spécifique au réseau. Ce qui est frappant, c’est la part significative de 20% d’installateurs-électriciens et d’électriciens de montage. Environ 30% des monteurs sur le réseau ont une autre formation initiale artisanale manuelle, par exemple celles de mécanicien, de serrurier ou de mécanicien-électricien (voir ci-dessous).
Par rapport au sondage de 2014, la part des personnes au bénéfice d’autres formations professionnelles dans les deux premiers niveaux a nettement augmenté, passant de 10 % à 29% pour le certificat de capacité et de 15 % à 35% pour le brevet fédéral, principalement au détriment des électriciens de réseau.
Le marché de l’apprentissage
Le tableau ci-dessous montre combien de places d’apprentissage d’électricien/ne de réseau les entreprises participantes ont offert, combien ont été pourvues et combien sont restées vacantes. Ces dernières années, dans le domaine de l’électricité de réseau, une place d’apprentissage sur 10 n’a pas pu être pourvue. Dans le sondage de 2014, ce chiffre était d’une place sur 12. Il convient de suivre l’évolution de ces données. La tendance des «places d’apprentissage vacantes» va très probablement s’accentuer dans les années à venir. La branche doit réfléchir maintenant à des mesures appropriées et commencer à les mettre en œuvre.
Ruptures d’apprentissage
Si, en 2019, seuls huit apprentissages ont été interrompus, ce chiffre était légèrement supérieur les années précédentes, avec douze et neuf interruptions. Principal motif cité à ces dernières: des performances scolaires insuffisantes, pour dix des cas. Parmi les autres motifs importants, sept interruptions sont à mettre sur le compte d’un mauvais choix professionnel, et sept autres sont dues à des problèmes relationnels dans l’environnement de travail. Souvent, plusieurs raisons à la fois expliquent une rupture d’apprentissage. Ces motifs principaux recoupent les résultats d’études menées par les cantons.[1] Dans son édition du 29 novembre 2019, le quotidien 20 Minuten citait «l’électricité et l’énergie» comme une branche enregistrant de nombreuses interruptions. Il faisait là référence aux installateurs-électriciens avec 32,4% de ruptures d’apprentissage anticipées.
Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique du 21 novembre 2019 indiquent un taux de 10,9% de résiliations du contrat d’apprentissage pour la profession d’électricien de réseau CFC (pour les formations ayant débuté en 2014). Si l’on considère toutes les professions, la moyenne se situe autour des 21%.
Employer du personnel qualifié venant de l’étranger
Parmi les entreprises interrogées, 13 ont engagé des personnes venant de l’étranger dans le domaine de l’électricité de réseau au cours des trois dernières années. Ce personnel qualifié vient principalement d’Allemagne, d’Autriche, de France et d’Italie, mais aussi du Portugal et d’Espagne.
Pour l’avenir: besoin en collaborateurs formés
Seules quelques entreprises ont pu donner une estimation chiffrée du nombre de collaboratrices et collaborateurs formés dont elles auront besoin à l’avenir. On peut partir du principe que le marché des électriciennes et électriciens de réseau restera stable.
Reconversion de personnes venant de métiers apparentés
Pour que la branche dispose, à l’avenir, de suffisamment de personnel qualifié, elle doit agir maintenant et investir dans la formation et dans la promotion professionnelle. Dans les années à venir, la situation sur le marché de l’apprentissage va encore s’aggraver. Le manque d’apprentis aptes est à mettre sur le compte de la baisse de la natalité, ainsi que du cursus de maturité de plus en plus attrayant. Il incombe donc à la branche de renforcer son engagement dans la promotion de la relève, et ce, à tous les niveaux: à l’école, dans l’apprentissage et même dans la formation pour adultes – par exemple sous la forme d’une reconversion.
Certaines entreprises offrent déjà des formations de reconversion pour les personnes venant de métiers apparentés et souhaitant apprendre la profession d’électricien/ne de réseau. Dans ce domaine, l’AES propose la formation certifiante d’introduction à la construction de réseaux («Einführung in Netzbau»), idéale pour une reconversion. Si on y ajoute le module optionnel d’électrotechnique, cette formation certifiante convient aussi pour les métiers non apparentés à celui d’électricien de réseau.
Quels ont été les effets des mesures prises jusqu’ici?
Au niveau du renforcement de la promotion professionnelle pour les électriciennes et électriciens de réseau, de nouveaux dépliants publicitaires et de nouvelles affiches ont été réalisés. Ces produits imprimés sont distribués gratuitement aux membres de la branche. En outre, le site Internet doit être actualisé, et un modèle de présentation du métier a été rédigé pour les entreprises formatrices. En plus de la communication avec les centres d’orientation professionnelle, la collaboration avec Yousty se poursuit pour recruter des élèves et faire connaître le métier d’électricien de réseau.
Concernant l’extension de l’offre de cours dans la formation professionnelle supérieure, des cours parallèles au cours de préparation à l’examen professionnel, en langue allemande, ont été créés. Grâce à cette mesure, davantage de spécialistes avec brevet fédéral ont pu être formés pour le marché du travail. Cela a en outre permis de supprimer les goulots d’étranglement qui existaient depuis des années pour accéder au cours préparatoire. Au niveau de l’examen professionnel supérieur, le rythme a changé: d’un cursus cours/examen tous les deux ans, on est passé à un an. Autre effet collatéral positif: l’équipe d’instructeurs et d’experts a pu être élargie et rajeunie, et le cercle d’entreprises qui s’engagent activement dans la formation professionnelle s’est lui aussi agrandi.
Enfin, depuis sa création en 2016, la formation certifiante d’introduction à la construction de réseaux («Einführung in Netzbau») a pu être proposée quatre fois, avec quelque 40 personnes – dont trois italophones – s’étant qualifiées pour travailler sur la construction de réseaux.
La branche s’investit pour la formation professionnelle
Les entreprises formatrices, au nombre de 43, s’engagent activement dans la formation initiale des électriciennes et électriciens de réseau, avec leurs collaboratrices et leurs collaborateurs qui assument différentes tâches: instructeurs lors des cours interentreprises, experts lors des examens ou de manière générale dans les écoles professionnelles. De nombreuses entreprises sont même actives sur plusieurs lieux de formation. Sur l’ensemble, 35 entreprises interviennent comme entreprises formatrices, mais ne s’engagent pas sur d’autres lieux de formation ou n’ont pas donné d’informations à ce sujet dans le sondage.
Environ 20 entreprises participent à la formation professionnelle supérieure en tant qu’instructeurs ou experts. La majorité des entreprises ne s’engage pourtant pas à ce niveau, souvent par manque de ressources (entreprises de petite taille, motivation hésitante et crainte d’assumer des activités d’instruction).
Une recommandation: pour préparer la branche aux besoins croissants qui s’annoncent en matière de personnel formé correctement et sur des thèmes spécifiques, il convient d’encourager les entreprises peu engagées jusqu’à présent à collaborer plus activement à la formation professionnelle. En outre, les entreprises qui s’investissent depuis déjà longtemps dans ce domaine méritent d’être reconnues et estimées en conséquence.
Conclusion
La branche doit maintenant prendre des mesures et investir dans la formation professionnelle afin de contrer efficacement le manque de personnel qualifié qui a été démontré. Pour cela, les associations de l’Organe responsable de la formation professionnelle d’électricien/ne de réseau peuvent assumer un rôle actif en tant que prestataire de formation, en collaboration avec la branche. Les entreprises doivent cependant participer aux efforts et inciter leurs collaboratrices et collaborateurs à s’engager en tant qu’instructeurs et experts.
Référence
[1] Evi Schmid & Barbara E. Stalder, «Lehrvertragsauflösung: Chancen und Risiken für den weiteren Ausbildungsweg. Ergebnisse aus dem Projekt LEVA», Bildungsplanung und Evaluation der Erziehungsdirektion Bern, 2008.
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