Opinion AES , Mobilité

Recharger en toute cybersécurité

Une opinion sur l'électromobilité

21.02.2022

En 2021, une voiture nouvellement immatriculée sur cinq était électrique. Et les fabricants annoncent que toujours plus de voitures électriques peuvent charger de manière bidirectionnelle. Non seulement elles soutirent du courant depuis le réseau, mais elles peuvent également le réinjecter dans ce réseau. Ainsi, un automobiliste roulant à l’électrique peut stocker temporairement le courant photovoltaïque produit sur son propre toit et optimiser sa consommation propre. Ou alors, le courant stocké peut être mis à la disposition du système énergétique lorsque le soleil ne brille pas et que l’énergie vient à manquer. De cette façon, grâce au parc automobile, l’équivalent de la puissance et de l’énergie d’une grande centrale serait d’ici quelques années mis à la disposition de l’approvisionnement en électricité pour une courte période de manière décentralisée.

Les véhicules électriques deviennent ainsi des participants actifs dans le système énergétique du futur – ce qui offre de grandes opportunités, mais présente aussi des risques. Tant la mobilité que l’approvisionnement en énergie de l’avenir auront en effet lieu dans le cyberespace, au moyen de données saisies par des capteurs, transmises pas des systèmes de communication, traitées par des algorithmes puis utilisées et sauvegardées par des systèmes  IT. Bien entendu, les clients exigent que leurs données personnelles soient protégées et utilisées uniquement dans le but pour lequel elles ont été récoltées. Mais il faut en plus garantir que ces données ne puissent pas être manipulées, que ce soit par une attaque ciblée sur l’infrastructure de recharge ou en raison d’un logiciel défectueux dans les véhicules. Au vu de l’énorme potentiel de puissance, la sécurité de l’exploitation du réseau serait mise en péril si quelqu’un parvenait à faire démarrer ou s’arrêter les bornes de recharge de manière abusive et à large échelle.

Lors du déploiement de systèmes de recharge bidirectionnels, il faut donc tenir compte suffisamment tôt des aspects liés à la cybersécurité. J’ai hâte de voir quels seront les résultats des essais pilotes réalisés en Suisse comme à l’étranger pour tester ces nouvelles possibilités. On a besoin également des résultats de recherches sur la sécurité des systèmes d’infrastructure critique connectés. Ensemble, nous devons arriver à développer, pour l’interface entre la mobilité et l’approvisionnement en électricité, des concepts et des normes efficaces qui permettent ces utilisations sans faire courir de risques à la sécurité de l’approvisionnement en électricité. Il va sans dire qu’ils doivent être harmonisés à l’échelle internationale, car je veux aussi pouvoir recharger mon véhicule électrique hors de nos frontières.

Auteur
Dominique Martin

est responsable affaires publiques de l'AES.

Commentaire

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