Opinion AES , Marché de l’énergie , Marchés et régulation

Quatre questions clés

La plume politique 9/2017

23.08.2017

« On va fermer peut-être jusqu’à 17 réacteurs. » Voici les propos choc tenus récemment par Nicolas Hulot, ministre français de la transition écologique.

À l’heure où la Suisse s’apprête à discuter d’un nouveau « design » de marché pour encadrer son futur approvisionnement électrique, elle devra impérativement prendre en compte son voisinage. Elle devra notamment se rappeler qu’elle souffre aujourd’hui déjà d’une production indigène déficitaire en hiver, bilan qui s’alourdira suite à notre sortie du nucléaire et à l’extension de la production issue des énergies renouvelables. Des calculs effectués par l’AES prévoient une baisse dramatique du degré d’auto-approvisionnement, qui pourrait plonger nettement en-dessous des 60 % d’ici à 2030 durant la période hivernale. La Suisse devra aussi tenir compte du fait que ses réserves d’eau stockées dans les lacs d’accumulation présentent certes un atout précieux, mais que celui-ci ne saura l’aider à persister en autarcie que pendant quelques jours ou semaines, et non pas à durer tout l’hiver en l’absence de possibilités d’importation.

Un changement de comportement des partenaires européens aura des incidences considérables sur l’approvisionnement en électricité de la Suisse. Si la France s’attaque sérieusement à son projet de réduire son parc nucléaire d’un tiers, il est fort probable que ses exportations nettes diminueront de moitié. Et si l’Allemagne continue de remplacer sa production d’énergie en ruban (fossile et nucléaire) par de la production fluctuante, elle risque de se transformer à terme en importatrice nette. Par ailleurs, Entso-E avertit qu’aujourd’hui déjà, plusieurs pays exportateurs traditionnels, comme la France et la Tchéquie, ne sont plus en mesure de s’auto-approvisionner pendant au moins une semaine lors de situations extrêmes (p.  ex. vague de froid et absence de production solaire et éolienne).

Sans tomber dans l’alarmisme, la Suisse est donc bien avisée de s’interroger de manière précoce sur ses perspectives d’approvisionnement dans un tel contexte. Afin de mener à bien ces réflexions, elle devra tout d’abord répondre aux quatre questions clés suivantes :

  • Quel objectif commun la Suisse poursuit-elle à long terme pour la sécurité d’approvisionnement ?
  • Comment la Suisse peut-elle garantir l’approvisionnement souhaité ?
  • Quelle couverture des risques envisage-t-elle de se permettre dans ce contexte ?
  • Quelles étapes doivent être franchies, et quand ?
Auteur
Dominique Martin

est responsable affaires publiques de l'AES.

Commentaire

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