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Nouveau matériau pour la robotique

Un matériau dont la mémoire de forme est activée par magnétisme

Des chercheurs de l’Institut Paul Scherrer PSI et de l’ETH Zurich ont développé un nouveau matériau dont la mémoire de forme est activée par magnétisme. Il s’agit d’un matériau constitué de deux composants. Une fois qu’une forme donnée lui a été imprimée, il la conserve lorsqu’il se trouve dans un champ magnétique.

On dirait un tour de magie: un aimant s’éloigne d’une bande noire recourbée en forme de boucle et celle-ci se déroule pour redevenir droite, sans autre intervention (voir vidéo). Ce phénomène magique en apparence s’explique par le magnétisme. La bande noire a en effet été réalisée dans un matériau constitué de deux composants: un polymère à base de silicone et des gouttelettes d’eau et de glycérine dans lesquelles se trouvent en suspension de minuscules particules de fer-carbonyle. Ce sont ces particules qui assurent les propriétés magnétiques du matériau composite et sa mémoire de forme. Si l’on contraint le composite à l’aide d’une pince dans une forme donnée et qu’on l’expose à un champ magnétique, il conserve sa forme, même lorsqu’on ôte la pince. C’est seulement quand on retire le champ magnétique qu’il retrouve sa forme d’origine.

Les matériaux comparables disponibles à ce jour sont constitués d’un polymère qui renferme des particules métalliques. Les chercheurs du PSI et de l’ETH Zurich, eux, ont inséré les particules métalliques dans le polymère à l’aide de gouttelettes d’eau et de glycérine. Ils ont créé ainsi une dispersion, comme celle qu’on trouve dans le lait, où de minuscules gouttelettes de graisse sont finement réparties dans une solution aqueuse.

Dans le nouveau matériau, les gouttelettes de fluide qui renferment les particules magnétiques se répartissent avec une finesse similaire. «Comme la phase sensible au magnétisme dispersée dans le polymère est un fluide, les forces produites par l’application d’un champ magnétique sont nettement plus importantes que celles connues jusqu’ici», explique Laura Heyderman, responsable du groupe de recherche Systèmes mésoscopiques au PSI et professeure à l’ETH Zurich.

Les chercheurs ont étudié le nouveau matériau entre autres à l’aide de la Source de lumière suisse SLS du PSI. Les images par tomographie à rayons X qu’ils y ont réalisées leur ont permis de constater que la longueur des gouttelettes dans le polymère s’allongeait sous l’action d’un champ magnétique et que les particules de carbonyl-fer dans le fluide s’alignaient au moins partiellement suivant les lignes de champ magnétique. Conséquence de ces deux phénomènes: la rigidité du matériau testé augmente jusqu’à 30 fois.

Des matériaux mécaniquement actifs

«Avec notre nouveau matériau composite, nous avons encore franchi une étape importante vers la simplification des composants dans des domaines d’application très divers, comme la médecine et la robotique, se réjouit Paolo Testa, chercheur en sciences des matériaux à l’ETH Zurich et au PSI ainsi que premier auteur de l’étude. Notre travail sert donc de point de départ pour une nouvelle classe de matériaux mécaniquement actifs.»

De nombreuses applications pour des matériaux à mémoire de forme sont en effet imaginables dans différents secteurs: la médecine, la navigation spatiale, l’électronique ou encore la robotique. Dans le secteur spatial, il existe une demande pour des matériaux à mémoire de forme utilisables pour un type de pneus destinés aux véhicules d’exploration, qui seraient capables de se gonfler ou de se replier de manière autonome. Dans l’électronique, on utilise les matériaux fonctionnels mous pour fabriquer des câbles électriques et des câbles de données flexibles, par exemple dans ce qu’on appelle la technologie «wearables», c’est-à-dire des appareils que l’on porte dans ses vêtements ou directement à même le corps. La mémoire de forme ouvre aussi de nouvelles possibilités dans la robotique, où de tels matériaux sont capables d’exécuter des mouvements mécaniques sans l’intervention d’un moteur.

4.6.2019

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