Association AES , Marchés et régulation

Législation fédérale : quels changements ?

Nouveautés pour le secteur électrique – Partie I

03.03.2017

Quelles sont les lois qui changent à compter de 2017 ? Et à quelles autres nouveautés doit-on et peut-on s’attendre ? Aperçu en deux parties.

Au 1er janvier 2017, quelque 360 modifications de lois et d’ordonnances sont entrées en vigueur à l’échelon fédéral.[1] Le secteur de l’énergie n’est toutefois concerné que par quelques changements minimes, qui sont traités dans la première partie de ce rapport. Néanmoins, en termes législatifs, l’année 2017 pourrait marquer un tournant pour la branche: en effet, des décisions déterminantes se préparent, par exemple la votation populaire sur le premier volet de mesures de la Stratégie énergétique 2050 ou les décisions des Chambres fédérales sur la Stratégie Réseaux électriques. C’est pourquoi nous jetterons également un regard sur l’avenir proche afin d’éclairer brièvement, dans une deuxième partie, les principaux jalons qui seront prochainement posés. Ce second article sera publié sur ce site-ci du Bulletin et dans le numéro d’avril du Bulletin, qui paraîtra le 7 avril.

Ordonnance sur l’approvisionnement en électricité

Dans les art. 24 et 24a OApEl, une modification du processus de versement entraîne le transfert de la RPC du groupe-bilan pour les énergies renouvelables à Swissgrid SA. C’est désormais Swissgrid SA qui requiert le prix de marché pour le courant RPC auprès des groupes-bilan; pour les installations qui ne font pas l’objet de mesures de la courbe de charge, le prix de marché est désormais directement facturé aux gestionnaires de réseau. De plus, dans l’art. 24, al. 2 OApEl, le passage selon lequel le responsable du groupe-bilan pour les énergies renouvelables peut prévoir des rémunérations axées sur le programme prévisionnel pour les technologies dont la production peut être contrôlée a été supprimé. La rémunération axée sur le programme prévisionnel a pour objectif de réduire les coûts de l’énergie d’ajustement. Toutefois, cette rémunération n’a jamais été appliquée, faute des bases juridiques nécessaires. Selon l’art. 7a LEne, la rétribution doit être calculée d’après les coûts de production, et non pas d’après une production conforme aux besoins ou au réseau.

Augmentation du supplément sur les coûts de transport

Dans l’Ordonnance sur l’énergie, le supplément sur les coûts de transport du réseau à haute tension prévu à l’art. 15b, al. 1 de la Loi sur l’énergie est passé de 1,3 ct. à 1,5 ct. par kWh au 1er janvier 2017 (art. 3j, al. 1 OEne).[2] Pour justifier cette modification, l’Office fédéral de l’énergie OFEN avance la garantie à long terme de la liquidité du fonds alimenté par le supplément. Ce fonds finance la rétribution à prix coûtant du courant injecté (RPC), les rétributions uniques pour les petites installations photovoltaïques, les appels d’offres publics visant à promouvoir l’efficacité électrique, les remboursements aux gros consommateurs, la couverture des risques liés aux projets de géothermie, les coûts d’exécution ainsi que les mesures d’assainissement des cours d’eau.[3] Pour un ménage avec une consommation annuelle moyenne de 4500  kWh, la charge financière augmente ainsi de 9 francs par an. La Loi sur l’énergie fixant, à l’art. 15b, al. 4, le plafond du supplément à 1,5  ct./kWh (dont 0,1  ct./kWh pour les mesures d’assainissement des cours d’eau), le droit en vigueur ne laisse plus aucune marge pour d’autres augmentations.

Réduction des taux de rétribution RPC

Le DETEC révise régulièrement les coûts de production pour le photovoltaïque. Ces derniers ayant à nouveau baissé, le Conseil fédéral a décidé, dans une modification de l’appendice 1.2 de l’OEne, d’abaisser encore les taux de rétribution pour les installations photovoltaïques et les petites centrales hydrauliques.[4] La modification de l’ordonnance est entrée en vigueur au 1er janvier 2017 et les taux de rétribution seront réduits en deux étapes, à savoir au 1er avril et au 1er octobre 2017. C’est la date de la mise en service de l’installation qui est déterminante.[5]

Marquage, étiquette-énergie et efficacité énergétique

Toujours au 1er janvier 2017, dans l’art. 4 de l’Ordonnance du DETEC sur les données figurant sur l’étiquette-énergie des voitures de tourisme neuves, en relation avec le ch. 8.2.1 de l’appendice 3.6 OEne, la valeur moyenne des émissions de CO2 de toutes les voitures neuves immatriculées est abaissée à 134  g/km, de sorte que désormais, seul un septième de toutes les voitures neuves tombe dans la meilleure catégorie d’efficacité.[6] Dans l’appendice 3.6 OEne également, les prescriptions sur l’information aux acheteurs ont été améliorées, les obligations de marquage précisées, des simplifications mises en œuvre et le texte rendu plus compréhensible. Désormais, les émissions de CO2 générées par la fourniture de carburant doivent être indiquées pour tous les types de carburant.[7]

En outre, dans différents appendices de l’Ordonnance sur l’énergie, de nouvelles prescriptions d’efficacité ont été édictées pour les appareils électriques afin de mieux exploiter le potentiel d’efficacité dans ce domaine. Les appareils électriques consomment en Suisse quelque 41 milliards de kilowattheures par an, soit presque trois quarts de la consommation totale de courant de notre pays.[8]

Ordonnance sur le CO2

Des modifications de l’Ordonnance sur le CO2 concernant le Programme Bâtiments sont entrées en vigueur dès le 1er août 2016.[9] Selon l’art. 34, al. 1, let. b de la Loi sur le CO2, les cantons gèrent des programmes d’encouragement pour l’utilisation de l’énergie et la récupération des rejets de chaleur. Les programmes sont financés par les revenus issus de la taxe sur le CO2 ; à partir de cette année, ce financement sera distribué à chaque canton sous la forme d’aides financières globales. La répartition des tâches entre Confédération et cantons est ainsi mieux prise en compte. Désormais, les cantons sont pleinement responsables de l’encouragement relatif à la modernisation énergétique de l’enveloppe des bâtiments ainsi que de l’encouragement en faveur des énergies renouvelables, de la technique des bâtiments et de l’utilisation des rejets de chaleur.[10]

Références

Lien

L’auteur remercie Cornelia Abouri, Spécialiste Senior Affaires publiques de l’AES, et Niklaus Mäder, Spécialiste Senior Régulation de l’AES, pour leur révision critique de l’article.

 

Auteur
Francis Beyeler

était responsable droit à l'AES jusqu'au 31 août 2018.

  • AES, 5000 Aarau

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