Opinion AES , Marchés et régulation

La suissitude plutôt que l’italianité

Une opinion sur la sécurite de l'approvisionnement en éléctricité

02.12.2021

Suissitude: un concept qui symbolise le modèle de réussite helvétique. Qu’on parle de montres, de chocolat, d’une économie forte ou encore, simplement, d’un sentiment ou d’une attitude, deux attributs résonnent toujours: qualité et sécurité. L’insouciance n’en fait pas partie.

La «suissitude» s’applique par conséquent aussi tout à fait à la sécurité d’approvisionnement en Suisse. En effet, ce que notre pays accomplit dans ce domaine est du travail de pro. Les interruptions dans le réseau électrique suisse durent en moyenne à peine 20 minutes par consommateur final – sur toute une année! Des valeurs dont nombre d’États européens n’osent même pas rêver. Mais qui est responsable de cette sécurité? Tout le monde! L’ensemble des actrices et acteurs impliqués dans le système global «sécurité d’approvisionnement»: le secteur énergétique, la Confédération, les cantons, Swissgrid, l’ElCom. Et c’est uniquement parce que tous ces acteurs assument conjointement leur responsabilité que la Suisse dispose de cette sécurité d’approvisionnement élevée.

Et que se passerait-il si, un jour, malgré tout, une pénurie d’électricité menaçait? Alors, Ostral (l’Organisation pour l’approvisionnement en électricité en cas de crise) serait activée. L’AES gère Ostral sur mandat de l’Approvisionnement économique du pays (AEP). Depuis de nombreuses années déjà – la Confédération et la branche se penchent depuis très longtemps sur le thème de la pénurie d’électricité –, Ostral travaille en arrière-plan, élabore des concepts de mise en œuvre et se prépare, en tant qu’organisation de crise, à une pénurie d’électricité en impliquant les milieux concernés.

Ces deux dernières années, nous nous sommes rendu compte à quel point une crise pouvait être radicale pour un pays et à quel point une bonne préparation était importante. C’est aussi un peu l’affaire de l’économie et de ses gros consommateurs d’électricité issus de tous les secteurs. C’est pourquoi Ostral et l’AEP ont tout récemment informé ces entreprises qu’elles devraient elles aussi prendre des mesures préventives en vue d’une éventuelle crise. Il ne faut certainement pas y voir de l’alarmisme, encore moins une situation d’urgence aiguë: l’objectif est de prévenir (une crise) et de se préparer. Comme ces deux termes l’expriment bien, il s’agit là d’activités PRÉ-crise. En fin de compte, cela fait partie de la responsabilité individuelle – si souvent invoquée – de l’économie, et de nous toutes et tous. À nous de prendre cette responsabilité, ensemble – et pas seulement au nom de la «suissitude»: concernant la sécurité d’approvisionnement, insouciance ou italianité ne sont en aucun cas des alternatives valables...

Auteur
Michael Frank

est directeur de l'AES

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