Association AES , Personnel

«Il faut aller à la rencontre des gens»

Formation professionnelle d’électricien de réseau

27.03.2020

Après près de 26 ans à l’AES, Toni Biser prend sa retraite fin juillet. Pendant toutes ces années, il a vécu et participé à nombre de transformations et d’évolutions nouvelles. Mais, même après un quart de siècle à l’AES, une chose n’a pas changé pour Toni Biser : «L’essentiel, c’est le contact direct avec les gens.» Rétrospective et perspectives.

Tout commence en 1994. Ingénieur automobile de formation, Toni Biser travaille alors comme planificateur d’installations photovoltaïques, mais recherche une nouvelle activité. C’est alors qu’il tombe sur l’annonce de l’AES. «J’avais déjà entendu parler de l’AES à travers mon travail sur les installations photovoltaïques, et l’offre d’emploi avait l’air très intéressante», raconte Toni Biser, spécialiste senior en formation professionnelle, dont le nom est connu bien au-delà du microcosme des électriciens de réseau.

Le courant électrique l’a toujours fasciné. Il décide donc de tenter sa chance… et est immédiatement engagé à l’AES. Officiellement, Toni Biser a pris ses fonctions en septembre 1994, mais il est en fait actif pour l’AES dès juillet. Cela s’explique par l’organisation de l’AES et des différentes commissions spécialisées que gère l’Association. Une part importante du travail des spécialistes de l’AES se concentre sur l’organisation administrative de ces commissions. En 1994, la fonction de Toni Biser prévoyait qu’il reprenne la fonction de secrétaire pour quatre commissions spécialisées. Les présidents de trois de ces quatre commissions constituaient le comité qui devait élire Toni Biser.

«L’un de ces trois présidents de commission, Pierre Prior, voulait intégrer davantage la Suisse romande, c’était très important pour lui», raconte Toni Biser. À cette fin, Toni Biser effectue, dès juillet 1994, un stage d’un mois auprès des entreprises formatrices en Suisse romande. Avec le recul, Toni Biser considère cette disposition comme un immense avantage pour son activité ultérieure: «Dès avant mon entrée en fonction, j’avais fait connaissance en même temps du métier d’électricien de réseau et des personnes qui l’exerçaient. C’était une super expérience.» Qui lui donne aussi l’occasion de réactiver ses connaissances en français.

«Cours préalable» et notions préliminaires

En plus de ce «cours préalable», le fait que tout fonctionne parfaitement lui facilite largement l’entrée dans le monde des électriciens de réseau: «J’ai repris de mon prédécesseur, Rudolf Keiser, un service impeccablement mis en place et dans lequel tout fonctionnait sans problème.» Néanmoins, à l’époque, la plupart des processus se font encore à la main. Dès son entrée en fonction, Toni Biser entend numériser ces processus. Et cette transformation se poursuit encore aujourd’hui. La numérisation des outils pédagogiques pour la formation initiale d’électricien de réseau, en particulier, doit avancer. Toni Biser pense qu’il pourra déclencher cette mesure avant son départ de l’AES – mais c’est Barbara Brun (voir ci-dessous) qui devra se charger de la mise en œuvre lorsqu’elle lui succédera.

Toni Biser a toujours considéré qu’une part importante de son travail consistait à être à l’écoute de tous – et dans toutes les langues: «J’ai toujours eu à cœur d’entendre l’ensemble de la Suisse. Plus facile à dire qu’à faire, cela dit: on était loin d’être toujours d’accord!» Mais il a alors fallu tout de même trouver un terrain d’entente, un consensus. Aujourd’hui encore, Toni Biser en est convaincu: cette fonction de liaison reste un élément important de son poste, afin que toutes les parties impliquées s’expriment d’une même voix qui puisse se faire entendre.

Il faut revoir la charge administrative à la baisse

Au cours des 26  dernières années, en revanche, la charge administrative a changé, aussi bien pour l’Association que pour les encadrants travaillant dans les entreprises formatrices. «Autrefois, dans les petites entreprises, il était possible d’exercer la fonction de formateur en plus de son activité professionnelle, à titre de tâche supplémentaire. Aujourd’hui, avec les nombreuses règles et prescriptions émanant en particulier de la Confédération, ce n’est plus envisageable.» Certes, la formation initiale en tant que telle a été peaufinée et professionnalisée, mais du point de vue de la charge administrative, les dernières réformes ne sont pas vraiment une réussite, estime Toni Biser. Il espère donc que les parties prenantes à l’examen quinquennal de la formation initiale en cours revalorisent les atouts d’autrefois et que la charge administrative soit quelque peu revue à la baisse. Le fait que l’AES ne propose pas seule la formation d’électricien de réseau, mais qu’elle en assume la responsabilité conjointement avec l’AELC (Association des Entreprises d’installation de Lignes aériennes et de Câbles), l’UTP (Union des transports publics) et la Sniv (Association suisse des infrastructures de réseau) est certainement un atout vis-à-vis du Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (Sefri), à qui l’on doit ces exigences administratives élevées. Les demandes de l’organe responsable de la formation professionnelle d’électricien de réseau prennent ainsi nettement plus de poids.

Davantage de moyens pour la promotion du métier

Toni Biser souligne pourtant que la solution de formation existante est très bonne, tant du point de vue théorique que pratique. Une attention toute particulière est accordée à la gestion des risques et des dangers, inéluctables dans le métier d’électricien de réseau. «C’est important, car les jeunes doivent être sensibilisés à ces thèmes petit à petit, mais régulièrement. C’est aussi dans notre intérêt.»

L’AES et l’organe responsable ont toujours bien exploité les possibilités existantes, selon Toni Biser, «mais j’aurais parfois souhaité davantage de marge de manœuvre, notamment en ce qui concerne la promotion du métier. Malheureusement, les moyens en provenance de la branche manquaient pour cela». Toni Biser commencerait surtout par les médias sociaux: «Nous devrions y être présents pour pouvoir nous adresser directement à la jeune génération.» Via ces canaux, on pourrait également faire parler les apprentis électriciens de réseau en faveur de ce métier. Mais il faut aussi toujours, parallèlement, convaincre les parents d’électriciens de réseau potentiels: «Il est tout aussi important de s’adresser aux parents qu’aux jeunes eux-mêmes.» En effet, la branche se plaint encore et encore qu’elle manque de relève en matière d’électriciens de réseau.

Retraite active

Toni Biser se réjouit de la période post-AES. Même s’il n’a pas pu terminer tous les projets, au moins ne laisse-t-il derrière lui aucune «œuvre inachevée»: «C’est un système qui vit et se développe sans cesse. Par conséquent, il n’y a rien que je devrais abandonner en pleine maturation.» De plus, aucun risque qu’il s’ennuie après son départ de l’Association: Toni Biser s’est bien préparé à sa retraite et ne restera pas inactif. Il se verrait bien, par exemple, travailler pour l’ONG française «Électriciens sans frontières», qui met en œuvre depuis plusieurs années des projets visant à alimenter en électricité et en eau potable les populations les plus pauvres, notamment en Afrique de l’Ouest.

Lorsqu’on lui demande ce qui, rétrospectivement, le rend particulièrement fier dans son activité à l’AES, Toni Biser répond, satisfait, que l’AES et l’organe responsable sont très bien acceptés dans toutes les régions linguistiques. «Nous sommes transparents et estimés, tant en Suisse alémanique qu’en Suisse romande et au Tessin.» Mais pour atteindre un tel résultat, il faut s’engager et donner de sa personne. «Il faut parler avec les gens, leur expliquer les choses, aller à leur rencontre.»
Jusqu’en Afrique, s’il le faut…

Barbara Brun prend la suite

Barbara Brun prendra la succession de Toni Biser au 1er juillet 2020. Au bénéfice d’une longue expérience dans le domaine de la formation des électriciennes et des électriciens de réseau, elle a notamment accompagné l’introduction de la formation initiale d’électricien/ne de réseau CFC aux CFF, où elle était également responsable de la formation professionnelle initiale en général. ­Actuellement, Barbara Brun travaille chez Cablex en tant que responsable des stages dans la conception de la formation professionnelle et continue, ­ainsi que dans la gestion de la formation professionnelle initiale. Parallèlement, elle participe à la gestion du projet ­d’examen quinquennal de la formation.

Auteur
Ralph Möll

était spécialiste en communication à l’AES.

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