Opinion AES , Efficacité énergétique , Régulation

Des règles du jeu efficaces aussi

Éfficacité énergétique et régulation

22.02.2019

Utiliser l’énergie plus efficacement: c’est l’un des objectifs que s’est fixé la Suisse en acceptant la Stratégie énergétique. Les appareils, les véhicules et les bâtiments doivent devenir plus économes, les émissions de CO2 doivent baisser. D’un point de vue technique, l’affaire est claire: là où les applications fossiles sont remplacées par des applications électriques, la quantité d’énergie qui s’échappe sous forme de chaleur, et qui est donc inutilisée, est réduite. Les moteurs électriques sont plus efficaces que les moteurs à combustion. Et le remplacement d’un vieux chauffage au mazout par une pompe à chaleur moderne semble permettre de réduire considérablement l’empreinte carbone. Néanmoins, au bout du compte, cette mesure ne sert à rien si le bâtiment est mal isolé. En matière d’efficacité énergétique, il faut considérer le tableau dans son ensemble, sous peine d’être soumis à une douche froide.

Et ce tableau se complexifie toujours plus, puisque les tendances telles que le couplage des secteurs repoussent les limites de notre système: nous ne pouvons pas continuer plus longtemps à ne considérer que la perspective de l’électricité, mais devons au contraire adopter une vision globale de l’énergie. Le courant excédentaire peut être transformé en gaz, le gaz stocké est ensuite retransformé en courant électrique ou sert à se chauffer, et ainsi de suite. Les possibilités techniques sont multiples, des approches autrefois non rentables deviennent soudain intéressantes, les technologies numériques permettent de développer des applications multisystémiques dans des structures toujours plus décentralisées.

Mais ce monde énergétique exigeant, interconnecté et numérique nécessite des règles. Une réglementation adaptée et efficace tient compte des nouvelles limites du système, ne règle que les principes, évite la microrégulation – et laisse ainsi de l’espace pour la subsidiarité. Actuellement, des obstacles régulatoires entravent encore la tendance au couplage des secteurs. Ces derniers sont considérés de manière isolée, et non comme un système global interdépendant. Concrètement, il manque des réglementations homogènes pour l’accès au réseau, des règles concernant la gestion des flexibilités ainsi qu’un système tarifaire intégré et durable. Il est du devoir à la fois des milieux politiques et de la branche d’adapter la réglementation aux besoins de la SE  2050 et à la décarbonisation et de veiller à ce qu’elle soit efficace. En effet, le monde énergétique convergent est une symphonie des systèmes, et non pas une cacophonie de concerts solo.

Auteur
Michael Frank

est directeur de l'AES

Commentaire

Veuillez additionner 3 et 2.