Opinion AES , Régulation , Énergies renouvelables

Confiance en l’avenir?

L’activisme pur ne garantit rien

27.09.2018

Après l’été caniculaire que nous venons de vivre, la protection du climat est à la une du débat public. Elle a même récemment incité des citoyens inquiets à fonder l’«Association suisse pour la protection du climat», sur le glacier de Stein. Sa requête: remplacer totalement les combustibles fossiles d’ici à 2050. Dans ce contexte, la Société suisse pour l’énergie solaire (SSES) demande que le développement du photovoltaïque soit accéléré et que la capacité additionnelle par année soit triplée, pour passer de 250 à 750 MW.

Mais la lenteur du développement d’une puissance de production irrégulière est-elle vraiment notre principal problème? «Les capacités de centrale dans l’Union européenne sont en train de fondre», avertit l’association allemande des industries de l’énergie et de l’eau (BDEW). Jusqu’à présent, le gouvernement fédéral allemand était parti du principe que l’Europe tiendrait à disposition suffisamment de centrales capables de satisfaire les besoins en électricité de l’Allemagne après la sortie du nucléaire et du charbon. Une dangereuse erreur d’appréciation, semble-t-il. L’analyse montre que la sécurité d’approvisionnement devra être au centre du débat sur la sortie du charbon et du nucléaire. Le service scientifique de la Commission européenne s’attend à ce que les capacités provenant du charbon diminuent drastiquement dans l’UE d’ici à 2030, à savoir de 63%.

Ainsi, des centrales fournissant une puissance sûre et pouvant produire du courant en permanence manqueront très bientôt déjà, partout en Europe – en particulier pendant les mois critiques de janvier à avril. En bref, l’Europe centrale va au-devant de périodes où le courant soit viendra à manquer, soit sera excédentaire, partout en même temps. Et si l’Europe ne peut pas garantir l’approvisionnement allemand, la situation de la Suisse s’en trouve soudain bien assombrie, importatrice qu’elle est de courant allemand. L’activisme pur ne garantit donc en rien la mise en œuvre de la SE2050. Nous devons réfléchir, ici et maintenant, à la manière d’intégrer notre plus grand atout – l’hydraulique – dans un système de marché durable et de le rendre à nouveau intéressant aux yeux des investisseurs. De plus, nous ne devrions pas d’ores et déjà claquer la porte à d’éventuelles centrales à gaz. Actuellement, ces éléments revêtent encore un caractère incertain. L’hiver, en revanche, arrive à coup sûr.

Auteur
Michael Frank

est directeur de l'AES

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