Opinion AES , Marché de l’énergie , Marchés et régulation

Bon marché et sale, ou propre et équitable?

Une opinion sur une nouvelle conception du marché

23.08.2017

Dans le débat sur une nouvelle conception du marché, les entreprises industrielles et artisanales placent en priorité l’approvisionnement sûr en électricité, puis le prix du courant. Ce dernier ne doit pas, en comparaison internationale, engendrer de désavantages compétitifs par rapport à la concurrence étrangère. Pour certaines entreprises industrielles et artisanales, pour de nombreux ménages et pour les milieux politiques, la durabilité joue aussi un rôle. Le courant électrique doit être le plus possible exempt de CO2 et produit à partir d’énergie renouvelable.

L’hydraulique contribue de manière déterminante à la sécurité d’approvisionnement, est exempte de CO2 et renouvelable. Toutefois, elle ne peut pas concurrencer le courant subventionné, ni le courant provenant de centrales fossiles étrangères. L’encouragement massif des énergies renouvelables et la politique inefficace sur le CO2 menée par l’UE y sont largement pour quelque chose. La plupart des exploitants de centrales suisses vivent sur leur substance depuis déjà quelques années, et n’investissent plus que dans le minimum nécessaire. De cette manière, la capacité d’auto-approvisionnement peut baisser à long terme. L’auto-approvisionnement prend toutefois de plus en plus d’importance car, selon plusieurs études, la capacité d’exportation des pays pertinents pour la Suisse pourrait ne plus aller de soi à partir de 2025. En Allemagne, la dernière centrale nucléaire sera déconnectée du réseau en 2022, et le nombre de centrales au charbon baissera d’ici à 2025. En France, les premières centrales nucléaires qui seront déconnectées atteindront la fin de leur durée d’exploitation en 2025.

C’est pourquoi, afin de garantir la capacité d’action de tous les producteurs d’électricité, des mesures immédiates, limitées dans le temps, sont nécessaires pour créer des incitations à investir. Ces mesures immédiates doivent ensuite être remplacées par une deuxième mesure, à introduire à moyen terme, consistant à internaliser les coûts externes de la production fossile et, ainsi, mieux valoriser la production de la Suisse, pratiquement exempte de CO2. Si les mesures ne déploient pas suffisamment d’effet et que se dessine une mise en danger de la sécurité d’approvisionnement – en raison du manque de capacités et de quantités d’énergie suffisantes –, spécialement en hiver, d’autres mesures devront être prises. Les mécanismes de capacité doivent alors être envisagés en particulier.

Auteur
Stefan Muster

était Responsable Economie et Régulation de l'AES jusqu'au 30 septembre 2018.

  • AES, 5000 Aarau

Commentaire

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