Opinion AES , Marché de l’énergie , Régulation

Assurance gratuite

Une opinion sur les mécanismes de capacité

30.08.2018

En l’absence d’un accord sur l’électricité avec l’UE, la Suisse est mise à l’écart et se retrouve ainsi sans influence dans certains domaines auprès d’importants organes tels que l’Acer et le REGRT-E. De la sorte, les possibilités d’empêcher les flux de courant non prévus, en pleine croissance, à travers la Suisse sont fortement limitées. Mais ces flux réduisent la capacité d’importation de la Suisse et la stabilité du réseau. Ils obligent Swissgrid à intervenir de plus en plus souvent pour éviter les violations du critère n-1. La société nationale du réseau de transport doit alors avoir plus souvent recours aux centrales hydrauliques suisses. Parallèlement, celles-ci sont encore plus utilisées pour l’approvisionnement propre lorsque les capacités d’importation sont davantage réduites.

De tout cela, les consommateurs finaux se rendent rarement compte. Les tarifs étant fixes, ils ne s’aperçoivent pas de l’état de la sécurité d’approvisionnement. Ils ne changent pas leur comportement quand, par exemple, les lacs de retenue sont vides en février, que les capacités d’importation sont réduites, que le courant est limité en raison de la faible production éolienne et solaire, et que le prix du marché est par conséquent très élevé.

De ce fait, l’électricité se distingue fondamentalement d’autres biens et services sur le marché, comme par exemple le pétrole: pour ceux-ci, les consommateurs remarquent les mouvements de prix. S’ils veulent limiter les risques de soudaines hausses de prix, ils doivent s’en prémunir, par exemple au moyen d’une option. Pour une telle assurance, ils versent une prime.

Appliqué au courant électrique, cela signifierait que des tarifs d’électricité dynamiques et basés sur le marché seraient facturés à chaque consommateur, d’une part, et que ce dernier devrait conclure lui-même des contrats avec des producteurs s’il souhaitait continuer, à l’avenir, d’être approvisionné en courant à des prix stables et en toute fiabilité, d’autre part. Ces contrats concourraient à indemniser les centrales électriques pour la contribution qu’elles apportent à la sécurité d’approvisionnement. Aujourd’hui, cette sécurité est fournie sans supplément.

Il est donc temps d’attribuer aussi un prix à l’assurance pour l’électricité afin qu’elle reste totalement disponible à l’avenir. Cette assurance pourrait être négociée individuellement par chaque consommateur final, ou collectivement et donc être à la disposition de tous. Nos voisins ont choisi cette dernière variante et introduit des mécanismes de capacité. Reste à savoir si la Suisse, bientôt le seul pays d’Europe à disposer d’une assurance gratuite, pourra s’offrir encore longtemps une telle couverture.

Auteur
Stefan Muster

était Responsable Economie et Régulation de l'AES jusqu'au 30 septembre 2018.

  • AES, 5000 Aarau

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